Santé des femmes au travail : sortir de l’angle mort pour construire une QVT inclusive
À l’occasion de la Semaine de la Qualité de Vie au Travail 2025, le Laboratoire de l’Égalité réaffirme l’urgence de reconnaître les enjeux spécifiques de santé des femmes actives. Fatigue chronique, douleurs invisibles, stress permanent, surcharge mentale ou encore biais dans la médecine du travail : autant de réalités vécues quotidiennement par des millions de femmes, et pourtant encore largement invisiblisées dans le monde professionnel.
Un constat sans appel
Le 19 mars dernier, à Chartres, nous avons organisé une table ronde dédiée à la santé des femmes au travail. L’événement, accueilli par Mathilde Haulon, Déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité d’Eure-et-Loir, et animé par Margaux Terrou, a rassemblé expert·es, actrices du terrain et responsables institutionnel·les.
Ensemble, ils et elles ont dressé un diagnostic partagé : les risques spécifiques auxquels sont exposées les femmes restent largement sous-estimés, l’accompagnement proposé est souvent inadapté, et de nombreux témoignages peinent encore à trouver un place dans l’espace public et institutionnel.
Des freins persistants
Trois grands obstacles se dessinent :
- Sous-représentation des femmes dans les espaces de décision, y compris pour leur propre santé.
- Manque de formation des managers aux enjeux de la santé genrée.
- Tabou persistant autour de la santé féminine au travail.
À cela s’ajoutent un déficit de sensibilisation dès l’école, des moyens humains limités, et une communication institutionnelle encore trop floue.
Des solutions concrètes existent
Certaines entreprises ouvrent déjà la voie, avec des actions efficaces :
- Charte QVT intégrant la parentalité
- Réunions interdites après 17h
- Droit à la déconnexion valorisé
- Accompagnement émotionnel au retour d’arrêt maladie
Il est temps d’agir
L’étude menée par le Laboratoire de l’Égalité en avril 2024 montre que 60% des femmes actives se disent préoccupées par leur santé mentale et physique au travail.
Le message est clair : la santé des femmes soit devenir une priorité RH à part entière.
Pour aller plus loin
Le groupe de travail « La santé des femmes au travail », piloté par Marine Darnault, poursuit une réflexion de fond sur les liens entre santé, genre et conditions de travail. En 2024, plusieurs livrables ont permis d’éclairer ces enjeux.
En juin, le groupe a publié le rapport « La santé des femmes qui travaillent, d’hier à demain » écrit par Patrick Boccard, qui met en lumière un constat essentiel : agir sur la santé et les conditions de travail des femmes contribue directement à la performance sociale et économique des organisations.
Ce rapport fait écho à une enquête nationale inédite intitulée « La santé des femmes qui travaillent », également publiée en 2024. Menée avec Verian Group auprès d’un panel représentatif de femmes actives, elle visait à mieux comprendre l’impact du travail sur leur santé, identifier les facteurs aggravants et formuler des recommandations concrètes à destination des employeurs et employeuses.
Enfin, en février 2025, Marine Darnault a publié l’article « Femmes et travail : un impact invisible mais bien réel sur la santé ». Elle y met en lumière les spécificités et risques auxquels sont confrontées les femmes dans leur vie professionnelle, et propose des leviers d’actions concrets pour mieux protéger leur santé. Les chiffres issus de l’enquête ont été partagés avec un groupe d’expert·es composé d’acteurs publics et privés issus de divers secteurs. Ensemble, ils et elles ont analysé de manière circonstancée la relation entre la santé des femmes et le travail : le travail a-t-il un impact sur leur santé ? De quelle manière ? Les spécificités de santé propres aux femmes sont-elles réellement prises en compte dans le monde professionnel ?
Nous poursuivrons cette dynamique dans les mois à venir avec de nouveaux temps d’échanges sur le terrain. Un prochain atelier, dans la continuité de celui organisé à Chartres, se tiendra à l’automne prochain à Nantes. Si vous êtes basé·e dans la région et souhaitez y participer ou vous y associer, n’hésitez pas à nous contacter !
Face aux douleurs invisibles, ouvrons le dialogue, agissons ensemble. Et construisons une qualité de vie au travail qui ne laisse personne de côté.