Des stéréotypes persistants imprègnent l’ensemble de la société, qui assignent le genre féminin à la sphère domestique et le genre masculin, à la sphère professionnelle et politique. En réponse à ces survivances d’un autre âge, le Laboratoire de l’égalité crée aujourd’hui son Laboratoire des stéréotypes. L’enjeu essentiel est de rendre visible l’invisible, dans les champs de l’éducation, des médias et du travail. Pour ce faire, le Laboratoire des stéréotypes associe des participant.es de tous horizons, dont le travail sous forme d’ateliers débouchera sur des travaux alliant la réflexion, l’humour et la pédagogie.
Rendre visible l’invisible
L’égalité entre les femmes et les hommes est loin d’être acquise. Que ce soit en politique, dans les entreprises, la fonction publique, les syndicats ou les associations, les femmes accèdent de façon minoritaire aux postes de responsabilité, de décision et de pouvoir. 72 % des députés et 86 % des maires sont des hommes ; les femmes sont moins souvent cadres que les hommes, et occupent plus de 80 % des postes à temps partiel ; l’écart entre les salaires masculins et féminins est de 27 % ; les femmes assument les deux tiers des tâches domestiques et passent trois fois plus de temps à s’occuper des enfants. Des stéréotypes persistants imprègnent l’ensemble de la société, qui assignent le genre féminin à la sphère domestique, et le genre masculin à la sphère professionnelle et politique.
Une prise de conscience de l’existence de ces stéréotypes émerge dans l’opinion publique.
D’après une enquête réalisée en novembre 2011 par Mediaprism pour le Laboratoire de l’égalité, et qui a été actualisée à l’occasion du lancement du Laboratoire des stéréotypes, 84 % des Françaises et des Français reconnaissent véhiculer des stéréotypes sexistes. En outre, les perceptions évoluent vers des représentations plus égalitaires : 90 % des hommes et 92 % des femmes pensent qu’il est aujourd’hui possible, pour un homme comme pour une femme, d’exercer un poste à haute responsabilité tout en ayant plusieurs enfants. Alors que le rapport de Brigitte Grésy paru en juin 2011 a nourri le débat sur « l’égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités familiales », IMS-Entreprendre pour la cité a pu mobiliser des grandes entreprises pour mener une enquête fouillée sur la perception des stéréotypes de genre dans le monde du travail, parue au printemps 2012. La période actuelle est donc propice au lancement d’un travail de fond sur les stéréotypes sexistes.
Aller plus loin pour faire bouger les lignes.
L’enjeu essentiel est de rendre visible l’invisible. Les stéréotypes sont souvent non ou mal perçus par les différentes composantes sociales. Pour que les représentations changent sur le terrain, le Laboratoire des stéréotypes entend s’appuyer sur des partenaires qualifiés pour proposer des pistes d’action destinées à déconstruire ces stéréotypes.
Éducation, médias, travail : les travaux des ateliers
Le Laboratoire des stéréotypes a identifié trois champs principaux de diffusion des stéréotypes : l’éducation, les médias et le monde du travail.
La Ligue de l’enseignement, France Télévisions et l’Association nationale des DRH sont partenaires des ateliers thématiques.
Ces ateliers se sont réunis d’octobre 2012 à juillet 2013. Ils étaient composés de membres du réseau du Laboratoire de l’égalité, d’acteurs-trices et de spécialistes de ces trois champs, sous la coordination d’un comité de pilotage.
Le Laboratoire des stéréotypes a identifié trois champs principaux de diffusion des stéréotypes : l’éducation, les médias et le monde du travail.
Les travaux des ateliers étaient organisés autour de plusieurs axes :
– émettre des préconisations à destination des décideurs (gouvernement, entreprises, médias…)
– concevoir des supports de communication à destination du grand public.
Le Laboratoire des stéréotypes au Salon de l’éducation 2013
C’est le fruit d’un an de travaux qui a été dévoilé au moment du Salon de l’éducation, du 21 au 24 novembre 2013.
Le Laboratoire des stéréotypes au Salon de l’éducation 2013C’est le fruit d’un an de travaux qui a été dévoilé au moment du Salon de l’éducation, du 21 au 24 novembre 2013.Le Laboratoire de l’égalité s’est naturellement associé à la Ligue de l’enseignement pour faire du Salon de l’éducation un événement de prise de conscience et de mobilisation, tant auprès des jeunes que des adultes sur sa thématique phare : « Egalité femmes-hommes, ensemble contre les stéréotypes ». Plusieurs initiatives et événements ont été présentés à cette occasion.
Des outils pratiques pour lutter contre les stéréotypes.
- Un document synthétique de vulgarisation, « Les stéréotypes, c’est pas moi c’est les autres » vise à dévoiler les stéréotypes partout où ils se trouvent, sans chercher à dire ce qui serait bien pour les un-es ou pour les autres, mais qui fait fortement le lien avec les inégalités femmes-hommes. Cette publication s’adresse à une grande diversité de publics issus de tous types d’organisations, aux équipes éducatives et aux médias.
- Des outils pédagogiques issus de ce document
- Le Pacte du Laboratoire de l’égalité sur les stéréotypes propose aux décideurs publics et privés des pistes d’actions concrètes.
Le Pacte du Laboratoire de l’égalité sur les stéréotypes
Le Laboratoire de l’égalité a formulé 9 propositions, destinées à faire reculer les stéréotypes sur les femmes et les hommes et à construire et partager une culture commune de l’égalité.
Ces propositions complètent les démarches déjà entreprises en matière d’égalité professionnelle, et doivent permettre à l’ensemble des acteurs et actrices concerné.es, à tous les niveaux, dans tous les domaines, de faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes, dès le plus jeune âge et au bénéfice de toutes et tous.
- Lancer une campagne de communication sur la persistance des stéréotypes et leurs effets.
- Introduire la thématique des inégalités de sexe et des stéréotypes dans les programmes scolaires de toutes les disciplines, à tous les niveaux de l’enseignement, dans le cadre des travaux du nouveau Conseil supérieur des programmes.
- Elargir les dispositifs actuels d’éducation à l’égalité au secteur de la petite enfance : crèches, petites et moyennes sections d’école maternelle.
- Etablir un bilan de la formation du corps enseignant à l’égalité filles-garçons ; l’élargir à l’ensemble des éducateurs et des éducatrices et veiller à ce que tout le champ de l’éducation soit couvert (attitudes des élèves en classe, sollicitations par les enseignant-es, notation des devoirs, propositions d’orientation, contenu des activités sportives et culturelles…)
- Intégrer un module obligatoire sur les stéréotypes dans les programmes de formation au journalisme, à la communication et à la publicité ; sensibiliser les professionnel-les de l’information et de la communication à leur responsablité en matière d’égalité femmes-hommes et à leur rôle dans la lutte contre les stéréotypes.
- Élargir les indicateurs concernant la place des femmes dans les médias : au-delà de la question des expertes dans l’information, s’intéresser aux rôles proposés aux femmes dans la fiction, la téléréalité et le divertissement.
- Changer les codes de l’entreprise pour limiter l’impact des stéréoytypes sur les carrières, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé : revoir les processus de recrutement, d’évaluation, de formation et de promotion.
- Donner la même visibilité aux femmes et aux hommes dans tous les métiers : présenter systématiquement des images mixtes des métiers, y compris ceux majoritairement occupés par des hommes ou par des femmes ; rédiger systématiquement les noms de métiers au féminin et au masculin, pour les annonces de recrutement, les fiches de poste, les grilles d’évaluation et de classification, la communication interne et externe.
- Agir sur le langage : parler « des femmes » et « des hommes » plutôt que de « la femme » et de « l’homme » ; utiliser le masculin et le féminin pour toutes les formulations, les titres, les fonctions ; neutraliser certaines expressions (« école maternelle », « assistante maternelle »…).
Les partenaires du Laboratoire des stéréotypes
- Partenaires institutionnels
Ministère des Droits des femmes
Ministère de l’Education nationale
Ministère de la Culture et de la Communication
- Partenaires entreprises
Capgemini
Eau de Paris
Orange
- Partenaires contenu
ANDRH
France Télévisions
Ligue de l’enseignement
- Partenaire communication
Mediaprism